Le point de départ de ces travaux : une photo de magazine figurant un corps de femme, parfois un visage ou un couple.
Par différents moyens plastiques cette image est altérée et se métamorphose»:
- par solvant pour la série «trichloréthylène» et «boîtes».
- Par corrosion pour les «rouilles».
- Dans la série «cartes postales». l'image peut être attaquée au papier de verre et retouchée au crayon.
- Série «photos de photos»: des éclats de verre, la glace, le feu, déforment, altèrent, détruisent l'image ; la photo fixe ces états. [...]
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Dans le film fantastique de Franju «Les yeux sans visage», un chirurgien tente à plusieurs reprises, de greffer sur sa fille défigurée dans un accident, le visage de jeunes filles enlevées à dessein. Dans l'attente de l'opération, elle porte un masque qui ne laisse apparaître que les yeux. Aux instants où elle l'a enlevé, le cinéaste rend l'image floue, fugitive. Deviner, imaginer ce visage devient alors pour le spectateur une obsession.
Les travaux de Didier Vignon font revivre cette obsession. Un fragment du corps - du corps féminin à l'exception d'autoportraits - souvent les yeux, mais aussi les mains ou encore le sexe, fascinent en échappant seuls à la délitescence de l'image.
Ici ou là, un élément intact, vivant, nous appelle, nous provoque, par sa survivance dans le chaos contigu. Tout à coup, on prend conscience que dans la douceur des teintes, dans les surfaces attaquées par la rouille, s'affrontent le vivant et la mort.
La force de ces images tient à cette juxtaposition. Le corps féminin ainsi mis en scène provoque une émotion et un saisissement violents car il figure simultanément et dans un mystère irréductible la beauté vivante et le corps détruit. Avec curiosité nous cherchons à saisir ce qui s'est dérobé autour de ces quelques fragments «vivants». Peine perdue ! La quête de ce corps, vouée à l'échec nous confronte à l'effacement, à la décomposition.
Mireille Finiel
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Trichlorétylène
Une photo de magazine, un corps, un visage, est soumise à l'action d'un solvant, le trichloréthylène, qui attaque l'encre d'imprimerie.
Cette action est aléatoire et souvent provoque la disparition du corps photographié.[...]
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Mais si l'image a, en partie tout au moins, résisté à cette agression, une phase de transformation débute alors par le dessin, ou la peinture ( crayon de couleur, pastel, aquarelle). Cette phase de retouche peut aboutir en quelques minutes ou demander de multiples séances de travail qui s'étaleront parfois sur plusieurs années.
L'original est présenté sous verre ou dans une boîte (série «boîtes»). Il peut aussi être tiré en grand format (épreuve pigmentaire sur papier qualité archive, tirages signés et numérotés).
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