La publicité est omniprésente, et, comme beaucoup, je la ressens comme un conditionnement, une oppression insidieuse. Mes photos
naissent d'abord d'une intention critique ou ironique : j'essaie par le cadrage de désamorcer le piège publicitaire en jouant avec l'interaction
de l'affiche et de son environnement. Dans la ville d'aujourd'hui deux mondes parallèles et étrangers l'un à l'autre se juxtaposent : d'un côté la morne réalité quotidienne, rue, passants, métro, agitation dans l'espace tridimensionnel de l'autre côté,
les affiches plates, statiques, leurs couleurs sont éclatantes, les corps et les visages sont beaux, idéaux, les slogans parlent de bonheur.
La photographie en mettant sur le même plan ces affiches et leur environnement permet de voir ensemble ce qui d'ordinaire est perçu séparément.
Ainsi sur une de mes photos prise dans le métro, le petit passant flou semble menacé par les deux énormes sourires de l'affiche qui l'encadre. Tout s'aplatit dans un rectangle figé. Il y a toujours dans ces photos un «collage» entre le «réel» et l'espace de l'image publicitaire.
Néanmoins, même si la pub est trompeuse, vulgaire, racoleuse, je dois avouer que la force plastique de l'affiche, le choc visuel qu'elle produit souvent, me captivent.
Sa présence criarde, son renouvellement incessant participent aux pulsations de la grande ville chaotique.
Je souhaite donc aussi montrer la beauté des "rencontres fortuites" qui se produisent entre affiche et réalité ; elles sont absurdes, violentes, étranges, poétiques.
Techniques :
Prise de vue numérique.
Retouches : Photoshop.
Tirages : papier mat Epson archival.